[Discours] De Cair-Noblat
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[Discours] De Cair-Noblat
Un beau nom, Pierre de Cair-Noblat portait un beau nom aux allures indéniablement aristocratiques. Mais pourtant, les Cair-Noblat n’avaient pas beaucoup de sang bleu. C’était Vincent II qui avait anobli son père qui l’avait pratiquement supplié à genoux de l’anoblir. La famille était envieuse de tous ceux qui étaient au dessus d’elle, bouffie par la prétention et l’envie d’avoir toujours plus de reconnaissance, d’honneurs. La vanité gangrénait chacun de ses membres. Si le père était de cette trempe et avait parfaitement pris les manières des grandes maisons aristocratiques, le fils était un homme plutôt simple, ce qui n’avait pas fait regretter son choix au roi : « j’ai sauvé cette famille de la ruine en l’anoblissant » avait-il glissé au grand héraut d’Aldarnor qui n’était pas du tout favorable à la délivrance de cet insigne honneur à la famille Cair. L’anoblissement changeait les hommes, à n’en point douter, car Pierre de Cair-Noblat n’avait rien du parvenu que son père était : et pour cause, lui était le premier né noble de la famille. Il avait fait une brillante carrière dans la magistrature et aujourd’hui il était procureur général près la Cour d’appel de Pévensie-la-Belle.
Admirateur et fin connaisseur de ce qu’on appelait l’art aristocratique dans la magistrature, Pierre avait naturellement décidé de faire un petit discours pour la campagne radicale. C’était un homme engagé, déterminé, il mit donc la main à la patte et fit jouer ses relations pour obtenir une pièce du palais des ducs de Bourgondes. Il parlerait des pouvoirs que s’était arrogée la Chambre des pairs : il parlerait d’un sujet qu’il connaissait.
Admirateur et fin connaisseur de ce qu’on appelait l’art aristocratique dans la magistrature, Pierre avait naturellement décidé de faire un petit discours pour la campagne radicale. C’était un homme engagé, déterminé, il mit donc la main à la patte et fit jouer ses relations pour obtenir une pièce du palais des ducs de Bourgondes. Il parlerait des pouvoirs que s’était arrogée la Chambre des pairs : il parlerait d’un sujet qu’il connaissait.
Gabriel Barentin- Clone
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Date d'inscription : 03/08/2014
Age : 77
Localisation : Palais des Nagies ; Rouvray
Re: [Discours] De Cair-Noblat
— Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, soyez les bienvenus dans cette auguste demeure de l’histoire. Si je vous ai invité ici ce soir, c’est pour vous parler d’un sujet que je connais bien : le rôle de la Chambre des pairs. C’est une question que l’on me pose régulièrement, quelle est l’utilité de nos douze pairs ? Je n’aurai pas ce soir un discours partisan de campagne au sens fort du terme, je suis ici simplement pour vous informer, vous donnez ma conception de ce quoi devrait être la Chambre des pairs. Je sais que mon avis est considéré comme respectable et respecté, alors considérez donc que cet avis est celui de tout un parti : celui du parti radical.
Vous savez tous que je ne suis pas politicien pour deux sous… Cependant ce soir si je vous ai convaincu, c’est que je ne suis pas un si mauvais orateur. Je vous demanderez cependant d’être indulgents, dit-il avec un sourire.
La Chambre des pairs est une institution plus vieille qu’il n’y paraît, bien sûr, le nom officielle de cette prestigieuse assemblée apparaît avec la charte de 1810 ; mais en fait, déjà au tout début de la monarchie, les pairs existaient. C’étaient les grands seigneurs du royaume qui procédaient à l’élection des rois de jadis, du temps où la couronne aldarnorine n’était pas encore héréditaire, c’est vous dire à quel point ils en ont vu des évènements… Les pairs obtiennent avec le temps des fonctions judiciaires, puisqu’un pair ne peut être jugé que par les pairs réunis en assemblée. Avant la charte, il y avait plus de 120 pairs d’Aldarnor, pour la plupart ducs, et tous issus des plus prestigieuses Maisons du royaume. C’était à l’époque plus un honneur supplémentaire attaché à un titre héréditaire nobiliaire.
Aujourd’hui, les pairs sont redevenus les titulaires d’une charge honorable de la Couronne : le fait de devenir pair d’Aldarnor confère systématiquement la noblesse. La pairie n’est plus héréditaire, et c’est tant mieux. De plus, nous n’avons plus que douze pairs, comme aux premiers temps de la monarchie. Vous devez vous souvenir comme la réforme à ce sujet et la création de la Chambre des pairs a pu être un accouchement douloureux…
Les pairs sont nommés par le roi à vie, ils sont les « égaux » du roi en ce Sa Majesté leur a confié l’insigne honneur d’être les garants de son pouvoir judiciaire. Les pairs sont au dessus de la Cour de cassation, et se sont fait les garants de la charte constitutionnelle. C’est de ce nouveau pouvoir que la Chambre s’est arrogée que je suis venu vous parler. En effet, les pairs ont décidé dans leur arrêt Quieron de l’année passée qu’ils avaient la capacité de juger la conformité des lois à la charte constitutionnelle, se posant en censeurs des lois qui y contreviendraient. La cour va plus loin en affirmant que les cours de justice elles-mêmes peuvent déclarer une loi inconstitutionnelle. Si l’on considère que le roi a lui-même écrit cette constitution qu’est la charte, il peut paraître assez étonnant que la Chambre de pairs l’interprète à sa manière sans demander son avis au père dudit texte ! Il y a là clairement un danger de tomber dans les excès du gouvernement des juges me direz-vous. Mais gardons la tête froide et réfléchissons.
Sa Majesté, par la charte, a clairement confié à la Chambre des pairs son pouvoir de justice, elle a donc abandonné son droit d’interprétation sur ce texte fondamental pour notre pays. En interprétant la charte, les pairs assurent sa pérennité dans le temps, lui conférant une capacité d’adaptation aux époques. C’est une formidable chance, sans compter que ce pouvoir n’est pas confié au premier venu : les pairs sont des hommes respectables, ayant fait de brillantes études et une carrière irréprochable. Je pense donc qu’il n’y a pas de danger à donner ce pouvoir à la Chambre. Quand bien même les lois seraient le reflet de la volonté du peuple, la charte doit rester le texte le plus sacré de tous. Chaque cour de justice devrait donc pouvoir dire si une loi est ou pas constitutionnelle, sans pouvoir annulée cette loi. Ensuite, si le jugement fait l’objet d’une contestation, l’affaire devrait être renvoyée à la Chambre des pairs pour la question de la constitutionnalité de la loi : les pairs seuls trancheraient définitivement la question et pourraient invalider une loi.
C’est le gage d’un système moderne et plus protecteur des libertés de chacun et des éventuels débordements concertés des pouvoirs exécutifs et législatifs. C’est un instrument de plus pour maintenir l’équilibre des pouvoirs et la charte qui consacre ce principe fondateur de notre État libéral. Je n’y vois aucun danger et les radicaux soutiennent le mouvement engagé par les pairs avec enthousiasme !
Vous savez tous que je ne suis pas politicien pour deux sous… Cependant ce soir si je vous ai convaincu, c’est que je ne suis pas un si mauvais orateur. Je vous demanderez cependant d’être indulgents, dit-il avec un sourire.
La Chambre des pairs est une institution plus vieille qu’il n’y paraît, bien sûr, le nom officielle de cette prestigieuse assemblée apparaît avec la charte de 1810 ; mais en fait, déjà au tout début de la monarchie, les pairs existaient. C’étaient les grands seigneurs du royaume qui procédaient à l’élection des rois de jadis, du temps où la couronne aldarnorine n’était pas encore héréditaire, c’est vous dire à quel point ils en ont vu des évènements… Les pairs obtiennent avec le temps des fonctions judiciaires, puisqu’un pair ne peut être jugé que par les pairs réunis en assemblée. Avant la charte, il y avait plus de 120 pairs d’Aldarnor, pour la plupart ducs, et tous issus des plus prestigieuses Maisons du royaume. C’était à l’époque plus un honneur supplémentaire attaché à un titre héréditaire nobiliaire.
Aujourd’hui, les pairs sont redevenus les titulaires d’une charge honorable de la Couronne : le fait de devenir pair d’Aldarnor confère systématiquement la noblesse. La pairie n’est plus héréditaire, et c’est tant mieux. De plus, nous n’avons plus que douze pairs, comme aux premiers temps de la monarchie. Vous devez vous souvenir comme la réforme à ce sujet et la création de la Chambre des pairs a pu être un accouchement douloureux…
Les pairs sont nommés par le roi à vie, ils sont les « égaux » du roi en ce Sa Majesté leur a confié l’insigne honneur d’être les garants de son pouvoir judiciaire. Les pairs sont au dessus de la Cour de cassation, et se sont fait les garants de la charte constitutionnelle. C’est de ce nouveau pouvoir que la Chambre s’est arrogée que je suis venu vous parler. En effet, les pairs ont décidé dans leur arrêt Quieron de l’année passée qu’ils avaient la capacité de juger la conformité des lois à la charte constitutionnelle, se posant en censeurs des lois qui y contreviendraient. La cour va plus loin en affirmant que les cours de justice elles-mêmes peuvent déclarer une loi inconstitutionnelle. Si l’on considère que le roi a lui-même écrit cette constitution qu’est la charte, il peut paraître assez étonnant que la Chambre de pairs l’interprète à sa manière sans demander son avis au père dudit texte ! Il y a là clairement un danger de tomber dans les excès du gouvernement des juges me direz-vous. Mais gardons la tête froide et réfléchissons.
Sa Majesté, par la charte, a clairement confié à la Chambre des pairs son pouvoir de justice, elle a donc abandonné son droit d’interprétation sur ce texte fondamental pour notre pays. En interprétant la charte, les pairs assurent sa pérennité dans le temps, lui conférant une capacité d’adaptation aux époques. C’est une formidable chance, sans compter que ce pouvoir n’est pas confié au premier venu : les pairs sont des hommes respectables, ayant fait de brillantes études et une carrière irréprochable. Je pense donc qu’il n’y a pas de danger à donner ce pouvoir à la Chambre. Quand bien même les lois seraient le reflet de la volonté du peuple, la charte doit rester le texte le plus sacré de tous. Chaque cour de justice devrait donc pouvoir dire si une loi est ou pas constitutionnelle, sans pouvoir annulée cette loi. Ensuite, si le jugement fait l’objet d’une contestation, l’affaire devrait être renvoyée à la Chambre des pairs pour la question de la constitutionnalité de la loi : les pairs seuls trancheraient définitivement la question et pourraient invalider une loi.
C’est le gage d’un système moderne et plus protecteur des libertés de chacun et des éventuels débordements concertés des pouvoirs exécutifs et législatifs. C’est un instrument de plus pour maintenir l’équilibre des pouvoirs et la charte qui consacre ce principe fondateur de notre État libéral. Je n’y vois aucun danger et les radicaux soutiennent le mouvement engagé par les pairs avec enthousiasme !
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