Royaume d’Aldarnor
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Forum de l’Aldarnor, micronation virtuelle librement inspiré de la France de la Restauration.

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Avaricum ! Avaricum !
Il y a des années, ce nom faisait trembler les plus grands princes de l’univers. Chacun s’inclinait devant l’influence, l’opulence, et la culture du Saint-Empire, l’astre resplendissant dans le concert des nations.  Par un savant mélange d’alliances conjugales, de tractations diplomatiques et de guerres fort bien menées, cet état - simple comté à ses débuts - se hissa minutieusement au sommet de la gloire.  

Mais hélas ! La malédiction de l’indolence et la fatalité du déclin s’abattirent dans un fracas soudain sur les terres rurales de cette péninsule au peuple fier et travailleur. Tout commença lorsque Sa Majesté Édouard VI se retira dans sa propriété de Trèves, délaissant la gouvernance du pays et une partie de la cour le temps d’un léger repos. Le décès du souverain zollernois d’alors, le grand-duc François-Joseph, vint troubler la quiétude et l’insouciance du relais de chasse en perpétuel agrandissement. L’Empereur, sa famille, et quelques proches courtisans revêtirent donc le deuil et durent retourner promptement au Palais Aragon.  Les carrosses et leur escorte s’ébranlèrent dans la matinée et prirent la direction de la capitale. Pourtant, personne ne les vît jamais arriver. C’est un meunier de passage sur la route empruntée qui donna l’alerte, quelques jours plus tard, à la maréchaussée locale : les voitures, brisées et calcinées, jonchaient le fond d’un fossé, entourées des gardes et domestiques tués à l’arme à feu.

Naturellement, dans un premier temps, l’on crut à une méprise. Mais la vérification de l’uniforme des soldats et du contenu des malles du cortège ne laissèrent aucun doute aux autorités. Puisque Edouard et sa famille restaient introuvables, les enquêteurs émirent l’hypothèse d’une attaque de rançonneurs.  Par conséquent, l’on patienta des semaines à Castillon-Villeroy dans l’attente d’un signe des forbans réclamant un prix en contrepartie de la libération des otages. Mais ce fut le silence total. Au même moment, l’on apprit que les trois autres familles princières régnantes du Saint-Empire avaient elles-aussi disparues dans des circonstances similaires. Dès lors, une panique s’empara de la population des villes puis se propagea peu à peu dans les campagnes. Le peuple avarois, attaché à son pater familias, l’Empereur, et pétri d’absolutisme depuis des temps immémoriaux, se retrouva entièrement égaré et assommé par la terrible réalité d’un trône vacant et d’un gouvernement inopérant.

Car, s’ajoutant à ces pertes inexplicables, les institutions du pays se flétrirent de l’intérieur et entrèrent dans de violentes rivalités. Sans souverain, la monarchie absolue avaroise ne pouvait plus fonctionner : un corps ne vivait longtemps sans tête. Les intermédiaires s’entredéchirèrent pour des affaires allant de la simple transgression de prérogatives à la plus sévère divergence sur la personnalité à suivre en tant que chef de faction. De nombreux hobereaux et commis de l’Etat s’entourèrent en effet de suivants prêts à défendre au fil de l’épée leurs corporatismes autrefois endigués et tenus en respect par le complexe système des usages, de la préséance, et des faveurs impériales et princières.  C’est ainsi que prirent forme de véritables cliques plus violentes et intimidantes les unes que les autres, découpant Avaricum en une multitude de seigneuries rivales orchestrées par des individus allant du simple capitaine de garnison jusqu’au plus puissant des marquis.

D’autres problèmes, déjà timidement présents dans les dessous du Saint-Empire, purent se manifester avec force et s’ajouter aux causes de cette déliquescence générale. La conversion de la population au zorthodoxisme, surtout par le biais de la noblesse,  ne s’était déroulée que fort maladroitement et il s’avéra que bon nombre d’avarois pratiquaient encore le syisme en secret. Certaines cliques se rallièrent ainsi autour d’un exarque zorthodoxe ou d’un archiprêtre syiste autoproclamé, ajoutant une facette de conflit religieux à une crise nationale déjà terriblement grave. En outre, une nation halawite héritière de la défunte Turcosie, le califat d’Alharkoum, avait déjà entamé quelques actes de piraterie isolés peu avant la disparition de l’Empereur.  Profitant de l'inexistence des surveillances côtières, le califat menait désormais des raids sur les bourgs en bord de mer, pillant vivres, richesses, et enlevant hommes et femmes pour les revendre comme esclaves. Ces écumeurs particulièrement fougueux  firent montre d’une audace saisissante en remontant même plusieurs rivières pour s’attaquer aux contrées intérieures, tant et si bien qu’il était parfois possible de les apercevoir à une poignée de lieux seulement de Castillon-Villeroy.

Pourtant, tout espoir n’était pas perdu. Bien qu’elle aussi lézardée par les dissensions, une institution avaroise était parvenue à conserver quelques hommes intègres, droits, fidèles, et dont l’intérêt se confondait avec celui d’Avaricum tout entier : L’armée impériale. Ou, plus précisément, les soldats qui avaient décidé après des années d’errance et de petit brigandage de rejoindre le cercle de braves qui entourait le Sénéchal du Saint-Empire, Archibald-Tancrède d’Odenaarde-Barotant. Peu après les débuts de la crise, le Duc était sur le point de dévoiler au grand jour un complot au sein du Conseil des Immortels lorsque, au lieu d’arrêter les fautifs, ses propres hommes, manifestement soudoyés, le mirent au cachot où il croupit durant une année. Il parvint à s’en échapper au cours d’une fuite rocambolesque et rejoignit un corps de légionnaires des colonies stationnés à Porto-Vesti.  C’est de là que débuta sa longue campagne de pacification d’Avaricum. Ralliant des régiments, en matant d’autres, le Sénéchal prit de l’expérience et plusieurs cheveux blancs. Les déplacements nombreux et rapides, les exactions de guerre, et une inquiétude constante pour ses hommes pesèrent profondément sur le Sénéchal qui se refusait obstinément à combattre aussi bassement et ignoblement que certains maîtres de clique.

Mais ce matin d’été, alors qu’Avaricum entrait dans sa seconde année de crise, le Duc de Barotant s’était dirigé avec plusieurs régiments d’infanterie légère et de hussards devant le principal poste-frontière menant en Aldarnor. Il était bien entendu déserté de ce côté-ci, et le pont avait semble-il été dynamité à la hâte. Toutefois, des soldats du royaume voisin, probablement de simples vigiles, paraissaient les observer de l’autre côté. Une estafette fut envoyée à cheval leur adresser un billet qu’elle plia dans un drapeau avarois, lui-même attaché à une pierre, et qu’elle lança ensuite si bien au-dessus de l’eau écumante qu’elle atterrit aux pieds des Aldanorins.


" Messieurs les vigiles,

Nous n’avons aucune intention belliqueuse.
Nous vous saurions gré d’aider ici-même nos soldats à reconstruire un pont provisoire à l’aide des quelques rondins que nous avons apportés.
Après quoi, nous aimerions nous entretenir auprès d’un représentant de Sa Majesté Apostolique au sujet des derniers évènements fâcheux en Avaricum.

Sincèrement vôtre,

Général Arban de Tassier, commandant du 2e Régiment d’Artillerie Impériale de la Seconde Armée. "

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Le marquis de Calvo, gouverneur militaire de la petite ville de Béranfac, juste à la frontière avec Avaricum fut naturellement celui à qui les gardes-frontières amenèrent le message. L’endroit étant tranquille depuis bien des mois, comme à son accoutumée il dînait à l’heure qu’il était. Avarois de naissance, naturalisé Aldarnorin par grâce spéciale du roi d’Aldarnor, François de Calvo était un être doux et courageux. Il était entré au service du roi d’Aldarnor alors qu’il n’avait que 16 ans, et depuis, il servait fidèlement son pays.

Les gardes-frontières arrivèrent au moment du fromage, chose qui importuna beaucoup le marquis, qui adorait son Saint-Niès.


― Gouverneur, je vous prie de bien vouloir m’excuser de vous déranger alors que vous êtes en plein repas, mais nous venons de recevoir un message d’une petite troupe avaroise juste à la frontière. Tenez

L’homme tendit le papier, et le marquis en prit connaissance.

― Hum… effectivement, c’est bien un message avarois. Nous pouvons faire confiance à Tassier, il est issue d’une noble famille, c’est un gentilhomme, s’il dit que ses intentions ne sont pas belliqueuses, c’est que c’est le cas.

Sa petite troupe ne doit pas être en sécurité en Avaricum. Reconstruisez le pont, allez au village chercher le charpentier, et qu’il construise un pont solide. Portez main forte à ces Avarois pour rétablir le pont messieurs. Et apporter le pli que je vais vous écrire.

Le marquis appela :

― Hector ! du papier et une plume avec de l’encre s’il vous plait : vite !!!

Le valet revint avec tout son attirail, le marquis commença à écrire :

Général,

Nous vous informons par la présente que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour faciliter la reconstruction de ce pont. Je vous fais envoyer M. Francet, le charpentier le plus habile de la région à n’en point douter.

Je prends sur moi de vous laisser traverser ce pont avec votre troupe : je vous sais homme d’honneur.

En ce qui concerne votre entrevue avec le roi, nous en parlerons quand je vous rencontrerez, bientôt j’espère. J’en réfère immédiatement à M. le sénéchal, qui seul peut vous obtenir une audience près le roi.

Recevez mes respectueuses salutations,

Signé CALVO.

― Allez porter ce message !

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Le gros de l’armée avaroise se trouvait légèrement en retrait, à quelques lieux de la frontière, afin d’éviter tout malentendu sur ses intentions. En effet, selon les règles élémentaires de la guerre, tout amassement de troupes le long d’une bordure nationale pouvait représenter une menace potentielle à l’intégrité territoriale. La centaine d’hommes accompagnant le général de Tassier montèrent quant à eux un camp sommaire devant le point d’entré entre les deux pays. Les fusils et canons étaient dissimulés afin d’éviter là-aussi le moindre accrochage : les soldats, travaillant le bois et vêtus de leurs simples dessous d’uniformes, étaient bien loin de représenter la moindre menace directe.

Sans réelle surprise, la réponse des autorités aldanorines était positive sur l’essentiel, reconstruire le pont, et conditionnelle sur la rencontre avec le roi. Les troupiers continuèrent de tailler et couper le bois jusqu’au petit matin, puis commencèrent à déposer les planches sur les fondations encore stables de l’ancien pont en pierre. Clous et poulies furent fournis par les avarois tandis que le charpentier aldanorin, le dénommé Francet, se balançait agilement au bout d’une corde afin d’atteindre les recoins les plus dangereux de la construction. Ces deux peuples voisins, et frères à bien des égards, faisaient montre d’une maîtrise des métiers manuels et artisanaux que l’on trouvait difficilement ailleurs. Enfants de la terre, fiers de leurs mains calleuses, ils ne trouvaient pas plus grand plaisir que de suer et saigner pour créer et façonner à partir de la nature brute et laborieuse.

Une fois l’ouvrage achevé, le général de Tassier le traversa aux côtés de quatre de ses subalternes à cheval. Droit comme un pique sur sa monture, il attrapa son tricorne surmonté d’une aigrette et, le faisant tournoyer, effectua un large salut.


- " Gentilhommes, je vous transmets les salutations distinguées de monsieur le Duc. Nous acceptons en son nom de rencontrer le marquis de Calvo, votre maître, et agréons bien volontiers de vous suivre jusqu’à lui. "

Le petit détachement se dirigea ainsi vers la ville de Béranfac, où leur hôte les attendait. Le voyage se déroula sans encombre et le commandant d’artillerie put ainsi remarquer à quelle point la campagne aldanorine n’était point très différente de celle du Saint-Empire. Prudents, les délégués, une fois arrivés, remirent leurs épées à l’entrée du château et attendirent d’être annoncés au gouverneur militaire.

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Un valet, fichtrement bien poudré, arriva jusqu’à la petite troupe avaroise. Saluant son représentant, le valet dit alors :

― M. le gouverneur va vous recevoir. Je vous en prie.

Le valet tendit le bras droit pour indiquer à Tassier le chemin : il ouvrit une porte à double battants et entra dans un salon vert pomme, simplement décoré, mais affublé de plusieurs tableaux, assurément des portraits de famille, il n’y avait aucun bureau, juste des fauteuils qui semblaient très confortable. Le marquis de Calvo, assit sur l’un d’eux, se leva en voyant le général de Tassier. Il alla le saluer chaleureusement :

― Bonjour M. de Tassier ! soyez le bienvenu chez moi. Manifestement, vos hommes ne sont pas seulement de bons soldats, ils font de fiers ouvriers ! le marquis fit un sourire. Je ne pensais pas vous voir si rapidement, me voilà bien aise de savoir qu’enfin les relations entre l’Aldarnor et le Saint-Empire vont reprendre ! Car je suis persuadé que Sa Majesté apostolique accueillera avec enthousiasme votre demande d’audience.

En tous les cas, je suis personnellement très enthousiaste, comme vous aurez pu le constater ! Il y a des années que je n’ai pu revenir en Avaricum, et je dois avouer que parfois ma terre de naissance me manque…

Le marquis se rendit vite compte qu’il avait perdu le vif du sujet. Pour ménager son interlocuteur, il l’invita à s’assoir, puis il lui proposa une boisson alcoolisée typique des Quériméas aldarnorines : l’Autricum. Le général avarois, sans hésitation, l’accepta, tout en écoutant le marquis de Calvo vendre le breuvage tel un poissonnier. Après quelques minutes d’une discussion légère, le marquis revint à ce pourquoi le général de Tassier était là :

― Monsieur, c’est avec grand étonnement que j’ai reçu votre demande d’audience. Je suppose que la situation en Avaricum est pire que ce qu’on a pu m’en dire ou que ce que j’ai pu en voir ? Que diable est-il arrivé à l’empereur ?!?! Voilà près d’un an que nous n’avons plus une seule missive en provenance de votre beau pays, et je dois vous l’avouer, vos manières manques cruellement à l’Archipel, qui est devenu un repère de coquins impérialistes tout plus austères les uns que les autres !

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Le général salua courtoisement son hôte et répondit à son témoignage de sympathie par quelques hochements de tête et un sourire contenté. La nostalgie du maître de Béranfac pour sa terre natale était manifeste et authentique, pourtant il semblait s’être plutôt bien démené en Aldarnor considérant ses responsabilités actuelles.
Comme bon nombre d’avarois, le général de Tassier avait grandi avec l’idée que tout ce qui était en dehors du Saint-Empire devait être mesquin, d’une grande sauvagerie, et contemplant Avaricum comme le véritable phare de lumière appelant le reste du monde à l’élévation suprême. Tout ce dont il était témoin jusqu’à présent n’avait pourtant cessé de lui prouver son erreur et il fut contraint par la force des choses d’admettre qu’il s’adressait à des égaux d’une nation honorable et drapée d’usages familiers.


- " Il est bien aimable à vous d’accueillir ainsi des étrangers dans votre maison, gouverneur. Même pour mes hommes,  identifier le bon et le mauvais dans le premier groupe d’avarois à portée est devenue un exercice difficile. "

Il accepta volontiers le spiritueux mais sa mine prit rapidement une teinte sombre.

" La situation en Avaricum a connu de nombreux changements ces derniers mois. Son Excellence le Duc est parvenue à reprendre plusieurs positions stratégiques dans l’intérieur des terres, la dernière grande bataille ayant eu lieu à quelques lieux de la capitale, Castillon-Villeroy, dont notre victoire fort coûteuse en hommes nous a ouvert les portes. Il y a cinq jours, nous avons maté une clique contrôlant les anciens accès en Aldarnor, brisant ainsi les réseaux de contrebande finançant d’autres seigneuries rebelles.
Bien que nos manoeuvres rencontrent quelques succès, Son Excellence exige une grande prudence face aux autres difficultés présentes.
Il y a notamment un ennemi que nous ne sommes toujours point parvenus à engager: les pirates halawites écumants nos côtes. Des éclaireurs nous ont même indiqués que ces envahisseurs se seraient installés en nombre à l’est du pays, au-delà de nos lignes les plus profondes. Il reste beaucoup à faire et nous espérons que notre cause parviendra à remonter jusqu’aux oreilles de Sa Majesté Apostolique. "

L’officier jugea bon de ne pas aller plus loin dans les détails, ne désirant pas étouffer le maître des lieux dans raz-de-marée de nouvelles informations.
Il espéra simplement que ses propos prouveraient au marquis de Calvo l’urgence de sa requête et la nécessité d’une audience avec une autorité régalienne.

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Le marquis de Calvo n’avait pas eu beaucoup d’informations en provenance d’Avaricum depuis plusieurs mois. Il est vrai qu’il s’en inquiétait de plus en plus, et d’ailleurs, le ministre de l’Échiquier l’avait invité à multiplier les escapades des espions pour savoir ce qui se passait. Les rapports restèrent flous, un peu comme M. de Tassier d’ailleurs : « on ne sait pas ce qu’est devenu l’empereur » ; « les pirates pillent le pays, sans rencontrer une quelconque résistance » ; « les Avarois se livrent une guerre entre eux ». Calvo ne voulait pas y croire : peuple normalement si distingué, il n’était pas dans les mœurs avaroises de taper sur ses compatriotes.

Le roi suivait l’affaire de très loin, si tant est qu’il la suivait… il était fort occupé en ce moment avec le double mariage en Belondor et la guerre avec la Laurasie ainsi que les avancées diplomatiques de l’Aldarnor. On ne prêtait que peu d’attention aux alertes du petit-gouverneur de campagne qu’était Calvo. Le résumer très épuré de la situation avaroise par M. de Tassier allait peut-être faire réagir le roi, Calvo y gagnerait peut-être une meilleure place dans cette affaire, moins éloignée de la capitale. Il fallait donc qu’il rencontre le roi. Très rapidement, il envoya un émissaire à la sénéchaussée prévenir les autorités civiles.


― Bien, maintenant, le sénéchal de Limougeois va être rapidement informé de votre demande. Mais je vais cependant également envoyer un messager directement à Sa Majesté, par le biais du prince de Vitry, le ministre de l’Échiquier, nous aurons peut-être plus de chance, et plus rapidement, en passant par lui.

M. le ministre,

J’accueille ici chez moi le général de Tassier, un gentilhomme avarois de son état. Il demande à obtenir une audience auprès de Sa Majesté pour ce qui concerne les affaires actuelles en son pays. L’affaire devant rester discrète, je ne puis vous en dire davantage ; M. de Tassier le fera en personne, lorsqu’il rencontrera Sa Majesté.

Merci pour votre efficacité, et veuillez recevoir mes salutations respectueuses,

Signé CALVO.

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Le général acquiesça à l’écoute de son hôte. Il sembla évident que le marquis avait saisi l’urgence de l’affaire tant il s’empressa d’écrire la lettre à l’intention d’un ministre de Sa Majesté. Arban de Tassier vit là une nouvelle preuve de l’origine du gouverneur : un avarois gardait un tel amour pour ses racines et ses maîtres qu’il ne pouvait rester oisif et simple spectateur de la déliquescence de ces derniers.  
L’officier du Saint-Empire remercia la diligence et l’hospitalité du dénommé de Calvo ; il toucherait deux mots de cet homme au Sénéchal dès son retour dans le quartier-général au-delà de la frontière. Il restait néanmoins beaucoup à faire, notamment le voyage jusqu’à la belle cité de Rouvray et l’audience au palais. Pour l’heure, le général se contenterait de patienter paisiblement à Béranfac dans la chambre qui lui fut préparée.


- " Nul ne vous remerciera jamais assez, Excellence. D’autres affaires requièrent  sûrement votre attention et je n’oserai point vous en tenir plus longtemps éloigné. "

Il fit virevolter à nouveau son tricorne en guise de salut et se retira pour la soirée. Naturellement, ses quatre compagnons logèrent dans l’auberge la plus proche, ce qui  - de toutes les façons – représentait déjà une amélioration considérable sur la paillasse habituelle du soldat en campagne.
Dès le lendemain matin, ils avaient convenu de se retrouver à l’église voisine afin d’invoquer l’action de la Providence sur leur  entreprise capitale.

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Le petit groupe d’avarois se fit discret lors de la messe, debout au font de l’église. Elle était en effet bondée comme à son habitude de toutes sortes de gens du troisième ordre : bourgeois, fermiers, artisans, troupiers et serviteurs de grandes maisonnées des environs. Manifestement aucun noble ni prélat de passage à Béranfac n’était présent sur les premiers bancs, ces grands notables locaux ayant chacun une chapelle attachée à leur domaine où l’on y effectuait les  offices.  Le général de Tassier fut heureux de constater l’excellente santé du syisme, ultra-majoritaire en Aldarnor et pratiqué avec ferveur. Tandis que, en Avaricum, cette religion subissait la persécution d’une partie de la haute aristocratie, ce qui ne l’empêchait pourtant point de reprendre à une vitesse vertigineuse du terrain sur la zorthodoxie importée et jamais véritablement acceptée par le tiers-état et la petite noblesse.

- " Que Sainte Philomène vous protège ! Voici pour vous, mon brave. "

En sortant de l’église, l’officier déposa une pièce en or dans la coiffe crasseuse d’un mendiant. Puis il se rendit avec son escorte au domaine du marquis de Calvo afin de perfectionner leur maniement de l’épée. S’il fallait attendre une lettre de la capitale, autant passer le temps de manière utile, pensa le général. En effet, la guerre civile battait son plein dans le Saint-Empire et le Régent exigeait la recherche constante de la perfection martiale chez ses fidèles soldats.

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Après deux jours de voyage, le fiacre frappé des armoiries du duc de Vitry fit son entrée dans la cour du palais du gouverneur militaire accompagné d’un détachement des gardes aldarnorines. Ils se mirent directement en poste au différent point du palais comme le voulait le protocole en vigueur pour un grand officier d’État.

Après cela, l’officier ouvrit la porte du fiacre et le duc de Vitry descendit de celui-ci. Puis se dirigea vers l’intérieur du palais et en direction du bureau du gouverneur.

Un huissier étonné, s’adressa au ministre sous l’effet de la surprise :


- Votre Grâce, vous ici, on ne vous attendait pas si tôt. Nous n’avons point reçu de message de votre part.

Le duc fit un léger sourire et dit :

- Cela est normal mon brave, la missive aurait pris plus de temps que ma personne pour venir. Il valait donc mieux que je vienne directement.

Il dit ensuite :

- Veuillez m’annoncer auprès de M. le gouverneur, je vous prie.

Et l’huissier de lui répondre :

- Bien Votre Grâce.

Il partit ensuite en direction du bureau du gouverneur pendant ce temps le duc faisait les cents pas en attendant.

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Le gouverneur entra dans la pièce, accompagné du général de Tassier. Très surpris de voir que le duc de Vitry, ministre de l’Échiquier, s’était déplacé en personne pour venir chercher le militaire avarois, le marquis de Calvo mesura immédiatement toute l’importance que le roi voulait donner à l’affaire. C’était tant mieux d’ailleurs si Sa Majesté avait décidé de ne pas laisser Avaricum sombrer dans le chaos de la guerre civile.

Le marquis s’avança, et salua le duc de Vitry, qui semblait impatient de repartir manifestement :


― Monseigneur, c’est un grand honneur que de vous accueillir chez moi. Je vous présente le général de Tassier, un gentilhomme avarois qui souhaiterait obtenir audience près Sa Majesté le roi.

Il invita le général à s’avancer, pour se faire voir du duc.

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Par chance, le haut gradé avait revêtu son uniforme protocolaire ce jour-là ; une inspection hebdomadaire des hommes l’accompagnant en Aldarnor venait en effet d’avoir lieu dans la cour du château. Le Régent attachait une grande importance au bon maintien des effets de guerre de chaque soldat et avait expressément ordonné la punition de tout individu se présentant en redingote salie, fripée, ou décousue.  Sans surprise, l’escorte du général avait passé l’examen avec succès.

Arban emboita le pas du gouverneur et entra dans la pièce, fringuant et élancé. Il salua le ministre mais ne prit point la parole, comme le voulait la coutume avaroise exigeant que les individus d’un sang moins noble ne s’expriment en présences de princes et monarques qu’à la demande de ces derniers. Toutefois, le marquis de Calvo présenta promptement son invité et lui fit un signe insistant de la tête en direction du duc, indiquant ainsi qu’il pouvait discourir.


- " Votre Altesse, vous êtes bien bon d’avoir convenu à vous rendre si loin de Rouvray pour écouter notre requête. C’est tout à votre honneur, je vous prie de le croire. "

Le général sembla s’incliner légèrement avant de reprendre.

" Son Excellence le Régent espérait que la couronne aldarnorine se pencherait sur les problèmes actuels du Saint-Empire, problèmes qui ont culminé en l’éclatement d’une véritable guerre civile il y a quelques années. J’implore par conséquent Votre Altesse de bien vouloir daigner écouter notre récit jusqu’au bout, après quoi Votre Altesse pourra juger de la pertinence de son ébruitement au Palais-Sacré. "

Le général prit alors soin d’exprimer en détails les récents évènements en Avaricum. Il débuta par la disparition des trois familles princières régnantes, puis bifurqua sur la dégradation des institutions, et acheva finalement son allocution sur la formation de nombreuses cliques guerrières rivales basées sur des différences religieuses et politiques. Il précisa en outre que le Régent conservait une supériorité martiale théorique sur terre et était parvenu à sécuriser la frontière aldarnorine, ainsi qu’à libérer une grande partie de la Principauté de Castillon, dont la capitale du Saint-Empire, Castillon-Villeroy, mais n’avait cependant que des ressources navales limitées et s’inquiétait notamment des raids pirates sur les côtes de Castelmaure.
En clair, la situation avait connu une amélioration sensible mais restait tout de même dans un état critique et un retournement soudain de la providence pouvait parvenir à tout moment.


" C’est à peu près tout ce que nous pouvons vous dire pour l’instant, Votre Altesse. Son Excellence le Régent estime qu’une intervention armée de Sa Majesté Apostolique pourrait faire pencher la balance de manière décisive. Quoi qu’il en soit, nous vous laissons désormais le soin d’estimer s’il convient que nous rencontrions le roi. "

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