Le Chancelier n'avait pas d'étiquette mais le jeu politique actuel empêchait les hommes d'État de faire cavalier seul, il fallait une machine pour les soutenir. Louis-Édouard avait inspiré l'ADN politique du Parti Libéral, ce dernier regroupait l'ensemble de ses fidèles qui se soumettaient à ses décisions sans que ce dernier fut son président officiel. Il n'aimait pas les intrigues de parti, n'appréciait pas non plus le principe de ces clubs politiques qui viciaient la pratique politique en formalisant les batailles d'égos et de pouvoir. Il était véritablement un esprit libre, qui avait gravi les marches du pouvoir selon son seul mérite, était parvenu à colorer la politique du Royaume grâce à sa seule intelligence. Cela ne le rendait pas pour autant orgueilleux, au contraire, cela lui inspirait une modestie immense, un sens du service et du devoir que ces années à la tête du Gouvernement royal démontraient de manière éclatante. Pourtant, le réalisme avait rattrapé ses belles utopies : il devait participer à la bataille qui s’annonçait et défendre son camps. Il avait choisi de ne pas le faire directement - du moins pas pour le moment, mais par l'intermédiaire de son bras droit, Olympe de Saint-Ange, qu'il avait lui-même formé au Cabinet de sa Province d'Île d'Aldarnor. Olympe de Saint-Ange avait 26 ans, il était jeune, le Chancelier le savait, mais doté d'un jugement exceptionnel et, chose d'importance, d'un aura de séduction incontestable. Il saurait mener la campagne libérale avec succès, Louis-Édouard en était convaincu ; et cette jeune figure, qui risquait d'être autant haïe qu'adorée, pourrait faire basculer le scrutin.

Le Chancelier était donc parvenu à obtenir la nomination d'Olympe au poste de Secrétaire Général du Parti Libéral et à le mettre suffisamment en avant pour qu'il devienne le champion de ce courant.